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- J’atteignais l’âge austère où l’on est fort en thème,
- Où l’on cherche, enivré d’on ne sait quel parfum,
- Afin de pouvoir dire éperdument Je t’aime !
- Quelqu’un.
- J’entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes !
- Jardins ! croissance obscure et douce du printemps !
- Et j’aimais Hermina, dans l’ombre. Elle avait, certes,
- Huit ans.
- Parfois, bien qu’elle fût à jouer occupée,
- J’allais, muet, m’asseoir près d’elle, avec ferveur,
- Et je la regardais regarder sa poupée,
- Rêveur.
- Il est une heure étrange où l’on sent l’âme naître ;
- Un jour, j’eus comme un chant d’aurore au fond du coeur.
- Soit, pensai-je, avançons, parlons ! c’est l’instant d’être
- Vainqueur !
- Je pris un air profond, et je lui dis : - Minette,
- Unissons nos destins. Je demande ta main. -
- Elle me répondit par cette pichenette :
- - Gamin !
VICTOR HUGO (1802-1885)