- Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
- Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille
- Fait briller tous les yeux,
- Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
- Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
- Innocent et joyeux.
- Enfant, vous êtes l’aube et mon âme est la plaine
- Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
- Quand vous la respirez ;
- Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
- S’emplissent pour vous seul de suaves murmures
- Et de rayons dorés !
- Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
- Frères, parents, amis, et mes ennemis même
- Dans le mal triomphants,
- De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
- La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
- La maison sans enfants !
Victor HUGO (1802-1885)
Les Feuilles d’automne