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dimanche 29 juin 2014, par
① COMMENT ÉVALUER ?
On pose en principe qu’à chaque évaluation, toute l’échelle des notes de 0 à 20 pourra être utilisée. Mais le 0 ne servira que pour un devoir non rendu : une copie correctement présentée a droit à un ou deux points. Pour une copie rendue, le 0 est une note d’infamie, par exemple en cas de triche.
Jusqu’où peut-on descendre pour une rédaction ou une dissertation ? Difficilement plus bas que 4 ou 5 : ce serait très mauvais signe.
Combien de points peut-on enlever pour l’orthographe, la propreté, ou pour des réponses non rédigées ? Guère plus de 2, car sinon, la note d’ensemble serait faussée. Ce n’est pas la propreté, mais le contenu qui importe en définitive.
● Côté professeurs : la « Constante Macabre »
Le professeur a tendance à rechercher une moyenne pour ses classes. Un devoir qui n’aurait pas une moyenne de classe à 10 serait un « mauvais devoir ». Or, cela signifie que la moitié de la classe DOIT ne pas avoir atteint le niveau minimum, celui de 50% d’acquis. Il vaudrait mieux viser que tout le monde ait 10 minimum, et fixer la moyenne à 14 : sinon, l’échec scolaire est intégré au système.
● Côté élèves : le « Podium Inversé »
La compétition chez les élèves a son revers. Si un élève n’est pas dans les 5 premiers, il n’aspire plus qu’à une chose : ne pas être dans les 5 derniers, ce qui impliquerait un risque de redoublement. C’est pourquoi le professeur maintient souvent une vingtaine de notes « moyennes » de la classe dans un étroit intervalle, ce qui pousse les élèves à travailler pour se maintenir en haut du panier.
② QU’ÉVALUER ?
On note le respect du sujet, celui de la consigne, la propreté, la rédaction. Bien entendu, les deux premiers sont essentiels. Il existe des élèves qui échappent aux normes scolaires, et qu’il ne faut pas enfermer dans un type de réponse. Savoir s’ouvrir à d’autres façons de répondre, plus créatives ou plus intuitives. L’intelligence ne connaît pas qu’un seul chemin. Exemple de la « carte mentale » ou de la réponse en bande dessinée.
D’autre part, certains élèves ont reçu des formations différentes, et il est normal qu’ils mettent un certain temps à s’adapter à un nouveau professeur, ou à ce qui n’est qu’une manie de notre part.
Si, dans une petite interrogation, des réponses fausses sont mêlées à de bonnes réponses, on peut se contenter de ne pas compter les réponses fausses, sans invalider l’ensemble.
En maths, si le résultat est faux, le raisonnement ne peut-il pas être compté ?
③ QUELLES APPRÉCIATIONS METTRE ?
L’appréciation donne aux parents et aux autres établissements une information importante à propos de la note. Elle permet notamment de savoir si on considère qu’un élève qui a 12 est un élève bon, moyen ou faible…
En règle générale, veiller à ce qu’elle soit positive. Remarquer le progrès s’il y en a un, si par exemple l’élève qui a 0 à sa dictée a fait moins de fautes que d’habitude. Remarquer les efforts d’écriture si c’est le cas. Ne pas attendre que l’effort se soit poursuivi sur longtemps : l’élève poursuivra son effort si nous avons su l’encourager à temps. De même pour la propreté.
L’appréciation doit, si possible, montrer à l’élève comment progresser. C’est encore plus vrai si l’élève a une très bonne note : l’appréciation peut être TB ou excellent, l’élève verra en marge dans le devoir ce qui lui a fait perdre quelques points.
L’appréciation est une manière de nouer une relation avec l’élève et avec les parents, en aucun cas un défoulement. N’indiquer qu’un ou deux points à améliorer, en dégageant l’essentiel.
Les bons doivent être tirés vers le haut ; les plus mauvais doivent trouver les moyens de s’en sortir. Le rythme doit entraîner tout le monde.
● Pour les plus faibles
Travaux de correction spéciaux, soutiens, tutorats individualisés. Se faire aider du précepteur.
— Certains élèves ont un PAI ou un PPS.
— D’autres ont un rapport d’un orthophoniste, ou sont de langue maternelle étrangère…
— Si un élève a le bras droit cassé, il importe de l’interroger par oral, pour le stimuler à continuer ses apprentissages. De même, un dyslexique a de réelles difficultés à mémoriser l’orthographe, ou même à repérer un mot au sein d’un groupe phonique. Face à ce « bras cassé », le mieux sera d’user d’une notation adaptée, ou de raccourcir les épreuves, ou de ne tenir aucun compte de l’orthographe pour les épreuves autres que la dictée. Ainsi l’élève verra qu’on tient compte de sa difficulté, et il continuera à travailler dur (souvent plus dur que ses camarades « normaux »), étant soutenu.
● Élèves forts
Leur proposer exposés ou travaux valorisants.
● Notation des bilingues
Faut-il noter différemment les élèves bilingues ou qui ont passé quelques mois à l’étranger ? En principe, on doit les noter comme leurs camarades, surtout dans le second cas : si l’élève a investi plusieurs mois dans une langue étrangère, il faut comprendre qu’ensuite, il se consacre au rattrapage des autres matières. Mais on peut leur demander un investissement différent : oral, exposés…
Sous-noter les bilingues serait aussi aberrant que sous-noter les forts en maths ou les littéraires brillants... Le professeur n’a pas à prendre en compte dans sa notation le fait que l’élève travaille suffisamment ou non : il note un résultat, un niveau.
● Certains élèves ont besoin de bouger
Les mettre plus souvent en situation de le faire, par exemple en leur confiant des "missions" dans la classe (ranger la bibliothèque) ou en-dehors. Tenir compte de leur débrouillardise.
● Visuels, auditifs, kinesthésiques
Comment faire un cours qui se mette à la portée de tous ? Laisser un espace important aux questions, ce qui veut dire que le cours écrit doit se réduire et se réduire encore... à l’essentiel. Tout élève doit pouvoir comprendre le cours.