- Je vous envoie un bouquet que ma main
- Vient de trier de ces fleurs épanouies,
- Qui ne les eût à ce vêpre cueillies,
- Chûtes à terre elles fussent demain.
- Cela vous soit un exemple certain
- Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries,
- En peu de temps cherront toutes flétries,
- Et comme fleurs, périront tout soudain.
- Le temps s’en va, le temps s’en va, ma Dame,
- Las ! le temps non, mais nous nous en allons,
- Et tôt serons étendus sous la lame :
- Et des amours desquelles nous parlons,
- Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle :
- Pour ç’aimez-moi, cependant qu’êtes belle.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Les Amours