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mercredi 26 octobre 2011, par
« Dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, troubles de la mémoire » : tel était l’intitulé de la conférence et de la journée de formation qu’Élisabeth NUYTS a données à Hautefeuille les 9 et 10 octobre 2009, pour une centaine de personnes. Proposant des remèdes à ces maux concrets, la conférencière, auteur de nombreux livres, a entraîné son public beaucoup plus loin, de la lecture à la connaissance de soi…
Reprenant la démarche de son livre, L’Ecole des Illusionnistes, qui a reçu en 2002 le prix Enseignement et Liberté, Élisabeth Vaillé-Nuyts est partie des perceptions et de l’observation de la pensée réfléchie, pour expliquer les difficultés de certains enfants et proposer des remèdes.
Les sensations, pour passer au domaine conscient, ont besoin d’être transformées en mots, d’être nommées. Ce passage de la sensation au mot, ou du réflexe à la réflexion, demande du temps ; mais ce temps, celui de l’enseignement, est le prix pour arriver à la conscience de soi et de ses actions.
Actuellement, sous prétexte de gagner du temps, on a encouragé, dans l’apprentissage de la lecture, les méthodes globales et semi-globales, silencieuses et rapides : elles n’ont fait que multiplier les différents « dys » : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie… Et pourquoi cela ? Parce qu’elles ne tiennent pas compte de la structure du cerveau, qui passe du simple au complexe, ni de la structure de la fovea de l’œil, qui ne peut enregistrer qu’un tout petit nombre d’informations à la fois ; ces méthodes n’ont pas tenu compte non plus des profils pédagogiques, étudiés par La Garanderie : la population de visuels réels n’est que de 5%, alors que les auditifs sont 25%, et les gestuels, ou kinesthésiques, 70%.
Un indice, facilement repérable, de ce problème chez l’enfant est sa difficulté à rendre compte oralement, en d’autres mots, de ce qu’il vient de lire. Il a appris des techniques de lecture, mais sa lecture n’est pas parvenue à la conscience. Le risque est grand : non seulement il n’a pas la mémoire du texte lu, mais encore toute son activité scolaire lui semble privée de sens.
Face à ces difficultés, il existe des remèdes.
Tout d’abord, reconstruire chez l’enfant la lecture syllabique et le « langage intérieur » en lui proposant de lire à haute voix linéairement, quitte à suivre le texte du doigt, et en lui posant des questions, peu à peu, sur ce qu’il a lu. C’est le travail d’explication du texte qui, sans se contenter de questions structurelles, doit arriver aux mots, aux intentions, à la compréhension fine.
Pour remédier aux problèmes d’orthographe, la dictée brève quotidienne est un excellent moyen. Il s’agit d’une courte dictée, de trois lignes. Elle est lue lentement, et l’enfant doit d’abord l’écouter avant de se mettre à écrire. Il doit bien comprendre le sens des mots, et les prononcer lui-même, à mi-voix, au moment de les écrire. En les prononçant, il doit séparer soigneusement les syllabes, ou même les épeler : on verra alors de vrais progrès en orthographe. L’écriture peut se modifier d’elle-même, et cela en une seule séance.
Pour ce qui est du calcul, il ne faut pas craindre de faire compter l’enfant sur ses doigts : c’est souvent cette première étape, indispensable, qui a été sautée lors de l’apprentissage premier. Reprendre avec lui les quatre opérations, avec des manipulations concrètes, des allumettes par exemple.
La grammaire aussi, à condition de s’inscrire dans le réel, est pour l’enfant profondément structurante : à travers l’emploi des pronoms sujets, celui-ci rend compte de sa propre existence (je) et de celle de l’autre (tu, il, elle, nous, vous, ils, elles) ; à travers les verbes, il décrit son action et apprend à situer son expérience dans le temps : le présent, le passé, le futur… Les modes aussi : l’indicatif, le subjonctif et le conditionnel lui apprennent la différence entre le réel et l’imaginaire.
Ces enseignements, pour arriver à la conscience, doivent souvent passer par une gestuelle et une approche concrète, qui aident l’enfant à relier tout cela à son expérience vécue et sentie.
Derrière tous ces procédés, un message capital : le travail d’enseignement, qui conduit de la lecture à la connaissance des sciences et des idées, contribue à la construction de la personne humaine, dotée d’intelligence et de volonté libre et responsable.
Silvestre BAUDRILLART
Pour approfondir :
NUYTS Élisabeth, L’Ecole des Illusionnistes
NUYTS, La Grammaire structurante
NUYTS, Mathématiques pour tous, approche concrète
NUYTS, Dyslexie, dyscalculie, dysorthographie et troubles de la mémoire
VAILLÉ Joseph, Un peu de physique pour tous