Accueil > Littérature > Anthologie > V > VERLAINE Paul (1844-1896) > Après trois ans
- Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
- Je me suis promené dans le petit jardin
- Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
- Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
- Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
- De vigne folle avec les chaises de rotin...
- Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
- Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
- Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
- Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
- Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
- Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
- Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
- — Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
- Paul VERLAINE (1844-1896)