- Ainsi l’amour du Ciel ravit en ces hauts lieux
- Mon âme sans la mort, et le corps en ce monde
- Va soupirant çà bas à liberté seconde
- De soupirs poursuivant l’âme jusques aux Cieux.
- Vous courtisez le Ciel, faibles et tristes yeux,
- Quand votre âme n’est plus en cette terre ronde :
- Dévale, corps lassé, dans la fosse profonde,
- Vole en ton paradis, esprit victorieux.
- Ô la faible espérance, inutile souci,
- Aussi loin de raison que du Ciel jusqu’ici,
- Sur les ailes de foi délivre tout le reste.
- Céleste amour, qui as mon esprit emporté,
- Je me vois dans le sein de la Divinité,
- Il ne faut que mourir pour être tout céleste.
Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630)