- Moi si j’avais commis tous les crimes possibles,
- Je garderais toujours la même confiance,
- Car je sais bien que cette multitude d’offenses
- N’est qu’une goutte d’eau dans un brasier ardent.
- Oui, j’ai besoin d’un cœur, tout brûlant de tendresse
- Qui reste mon appui, et sans aucun retour,
- Qui aime tout en moi, et même ma faiblesse,
- Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour.
- Non, je n’ai pu trouver nulle autre créature
- Qui m’aimât à ce point, et sans jamais mourir,
- Car il me faut un Dieu qui prenne ma nature,
- Qui devienne mon frère, et qui puisse souffrir.
- Je ne sais que trop bien que toutes nos justices
- N’ont devant ton regard, pas la moindre valeur,
- Et pour donner du prix à tous nos sacrifices
- Oui, je veux les jeter jusqu’en ton divin cœur.
- Non, tu n’as pas trouvé créature sans tache,
- Au milieu des éclairs, tu nous donnas ta loi,
- Et dans ton cœur sacré, Ô Jésus je me cache
- Non, je ne tremble pas, car ma vertu c’est toi.
Thérèse de Lisieux (1873-1897)