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samedi 30 novembre 2019, par
Un son naît du violon plaqué d’essences rares ;
Il s’étire à l’archet, frémit un instant, seul,
Il s’envole, d’un trait, du corset de tilleul
Et dans le mouvement des sons suivants s’égare.
La flûte en touches successives se déclare,
Franches, douces, brèves et pleines de fraîcheur,
Graves ou gaies, sans demi-teinte en leur couleur,
Comme un bateau quittant paisiblement l’amarre.
La sinuosité du violon si lent
Et les flots de la flûte qui s’en vont torrent,
Comment les accorder ? Secret de la musique !
Le chef, levant le bras, l’abaissant, de la mer
Des sons sait diriger la mouvance élastique,
Comme Phœbé buvant les eaux de l’univers.
Silvestre Baudrillart, 4 juin 1982