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Mariage démocratique

mardi 29 octobre 2019, par Silvestre Baudrillart

Chanson de Dominique BONNAUD, 1909, à l’occasion du mariage de la fille d’Armand Fallières, président de la République. C’est « un mariage provincial à Paris. »

Sous l’arche hautaine
De la Madeleine
Les agents contiennent
Le peuple brutal
Les cloches bourdonnent
Le grand orgue sonne
La maîtrise entonne
Un chant nuptial
Que de touristes
Que de journalistes
Et de modistes
Venus là pour
Voir cette héritière
Que Monsieur Fallière
A son secrétaire
Marie en ce jour
Mais des équipages
Se fraient un passage
C’est un arrivage
De gens surprenants
Dames qui s’admirent
Dans leur cachemire
Messieurs qui transpirent
A mettre leurs gants
Ces gens s’avancent
Plein d’importance
Et l’assistance
Les admirant
Dit « Ces autochtones
Venus en personne
Du Lot et Garonne
Ce sont les parents »

La tante Julie
La tante Sophie
La tante Octavie
Le cousin Léon
L’oncle Théodule
L’oncle Thrasibule
Les cousins Tibulle
Et Timoléon
Grand père Emile
Grand mère Odile
Tante Cécile
Tante Elisa
Le cousin Paphnuce
La cousine Luce
L’oncle Mariusse
Et l’oncle Numa
La tante Clémence
La tante Constance
La cousine Hortense
L’oncle Marcellin
Le grand oncle Horace
Le grand père Ignace
Le cousin Pancrace
L’oncle Célestin

Soudains les Suisses
Les avertissent
Que le service
Va commencer
Et vite derrière
L’excellent Fallière
La famille entière
Court pour se placer
Puis chacun bien sage
Guette le passage
Du discours d’usage
Que le bon curé
Prépare d’avance
Non sans quelque transe
Car il faut qu’il pense
A chaque invité
Ils sont soixante
Parents, parentes
Qu’il faut qu’il vante
Sans sourciller
D’un oeil qui s’attarde
Tous il les regarde
Pensant « Dieu me garde
Surtout d’oublier... »

Au refrain

Puis chez Dehouve
On se retrouve
Chacun approuve
Le choix des mets
Auprès de sa fille
Ouvrant le quadrille
Notre Armand sautille
Comme un farfadet
Enfin l’heure sonne
La maman raisonne
Sa fille et lui donne
Des conseils à part
Tandis que le père
Dit d’un air sévère
Au gendre « J’espère
Qu’avant le départ
Pour que nos proches
Ne nous décochent
Aucun reproche
Vous leur ferez
Les adieux d’usage
Et docile et sage
Le jeune ménage
S’en fut embrasser...