Accueil > Littérature > Anthologie > J > Jacopone da Todi (1230-1306) > Stabat Mater
- Stabat mater dolorosa
- juxta crucem lacrimosa
- dum pendebat Filius
- Cujus animam gementem
- constristatam et dolentem
- pertransivit gladius.
- O quam tristis et afflicta
- fuit illa benedicta
- mater Unigenti.
- Quae maerebat et dolebat
- pia mater dum videbat
- nati poenas incliti.
- Quis est homo qui non fleret
- matrem Christi si videret
- in tanto supplicio ?
- Quis non posset contristari
- Christi matrem contemplari
- dolentem cum Filio ?
- Pro peccatis suae gentis
- vidit Jesum in tormentis
- et flagellis subditum.
- Vidit suum dulcem natum
- moriendo desolatum
- dum emisit spiritum.
- Eia Mater, fons amoris,
- me sentire vim doloris
- fac ut tecum lugeam.
- Fac ut ardeat cor meum
- in amando Christum Deum
- ut sibi complaceam.
- Sancta Mater, istud agas,
- crucifixi fige plagas
- cordi meo valide.
- Tui nati vulnerati
- tam dignati pro me pati
- paenas mecum divide.
- Fac me vere tecum flere
- crucifixo condolere
- donec ego vixero.
- Juxta crucem tecum stare
- et me sibi sociare
- in planctu desidero.
- Virgo virginum praeclara
- mihi jam non sis amara
- fac me tecum plangere.
- Fac ut portem Christi mortem
- passionis fac consortem
- et plagas recolere.
- Fac me plagis vulnerari
- fac me cruce inebriari
- et cruore Filii.
- Flammis ne urar succensus
- per te Virgo sim defensus
- in die judicii.
- Christe, cum sit hinc exire,
- da per matrem me venire
- ad palmam victoriae.
- Quando corpus morietur
- fac ut animae donetur
- paradisi gloria.
TEXTE FRANÇAIS
- Debout, la mère des douleurs
- Près de la croix était en pleurs
- Quand son Fils pendait au bois
- Alors, son âme gémissante
- Toute triste et toute dolente
- Un glaive la transperça.
- Qu’elle était triste, anéantie,
- La femme entre toutes bénie,
- La Mère du Fils de Dieu !
- Dans le chagrin qui la poignait,
- Cette tendre Mère pleurait
- Son Fils mourant sous ses yeux.
- Quel homme sans verser de pleurs
- Verrait la Mère du Seigneur
- Endurer si grand supplice ?
- Qui pourrait dans l’indifférence
- Contempler en cette souffrance
- La Mère auprès de son Fils ?
- Pour toutes les fautes humaines,
- Elle vit Jésus dans la peine
- Et sous les fouets meurtri.
- Elle vit l’Enfant bien-aimé
- Mourir tout seul, abandonné,
- Et soudain rendre l’esprit.
- O Mère, source de tendresse,
- Fais-moi sentir grande tristesse
- Pour que je pleure avec toi.
- Fais que mon âme soit de feu
- Dans l’amour du Seigneur mon Dieu :
- Que je lui plaise avec toi.
- Mère sainte, daigne imprimer
- Les plaies de Jésus crucifié
- En mon cœur très fortement.
- Pour moi, ton Fils voulut mourir,
- Aussi donne-moi de souffrir
- Une part de ses tourments.
- Pleurer en toute vérité
- Comme toi près du crucifié
- Au long de mon existence.
- Je désire auprès de la croix
- Me tenir, debout avec toi,
- Dans ta plainte et ta souffrance.
- Vierge des vierges, toute pure,
- Ne sois pas envers moi trop dure,
- Fais que je pleure avec toi.
- Du Christ fais-moi porter la mort,
- Revivre le douloureux sort
- Et les plaies, au fond de moi.
- Fais que ses propres plaies me blessent,
- Que la croix me donne l’ivresse
- Du sang versé par ton Fils.
- Je crains les flammes éternelles ;
- O Vierge, assure ma tutelle
- A l’heure de la justice.
- -* O Christ, à l’heure de partir,
- Puisse ta Mère me conduire
- A la palme de la victoire.
- ..
- A l’heure où mon corps va mourir,
- A mon âme fais obtenir
- La gloire du paradis.