- Il est des âmes sur la terre
- Qui cherchent en vain le bonheur
- Mais pour moi, c’est tout le contraire
- La joie se trouve dans mon cœur
- Cette joie n’est pas éphémère
- Je la possède sans retour
- Comme une rose printanière
- Elle me sourit chaque jour.
-
- Vraiment je suis trop heureuse,
- Je fais toujours ma volonté…
- Pourrais-je n’être pas joyeuse
- et ne pas montrer ma gaieté ?…
- Ma joie, c’est d’aimer la souffrance,
- Je souris en versant des pleurs
- J’accepte avec reconnaissance
- Les épines mêlées aux fleurs.
-
- Lorsque le Ciel bleu devient sombre
- Et qu’il semble me délaisser,
- Ma joie, c’est de rester dans l’ombre
- De me cacher, de m’abaisser.
- Ma joie, c’est la Volonté Sainte
- De Jésus mon unique amour
- Ainsi je vis sans nulle crainte
- J’aime autant la nuit que le jour.
-
- Ma joie, c’est de rester petite
- Aussi quand je tombe en chemin
- Je puis me relever bien vite
- Et Jésus me prend par la main
- Alors le comblant de caresses
- Je Lui dis qu’Il est tout pour moi
- Et je redouble de tendresses
- Lorsqu’Il se dérobe à ma foi.
-
- Si parfois je verse des larmes
- Ma joie, c’est de les bien cacher
- Oh ! que la souffrance a de charmes
- Quand de fleurs on sait la voiler !
- Je veux bien souffrir sans le dire
- Pour que Jésus soit consolé
- Ma joie, c’est de le voir sourire
- Lorsque mon cœur est exilé…
-
- Ma joie, c’est de lutter sans cesse
- Afin d’enfanter des élus.
- C’est le cœur brûlant de tendresse
- De souvent redire à Jésus :
- Pour toi, mon Divin petit Frère
- Je suis heureuse de souffrir
- Ma seule joie sur cette terre
- C’est de pouvoir te réjouir.
-
- Longtemps encor je veux bien vivre
- Seigneur, si c’est là ton désir
- Dans le Ciel je voudrais te suivre
- Si cela te faisait plaisir.
- L’amour, ce feu de la Patrie
- Ne cesse de me consumer
- Que me font la mort ou la vie ?
- Jésus, ma joie, c’est de t’aimer !
Thérèse de Lisieux (1873-1897)