- La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
- Un rond de danse et de douceur,
- Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
- Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
- C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
- Feuilles de jour et mousse de rosée,
- Roseaux du vent, sourires parfumés,
- Ailes couvrant le monde de lumière,
- Bateaux chargés du ciel et de la mer,
- Chasseurs des bruits et sources des couleurs.
- Parfums éclos d’une couvée d’aurores
- Qui gît toujours sur la paille des astres,
- Comme le jour dépend de l’innocence
- Le monde entier dépend de tes yeux purs
- Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul Eluard (1885-1952)
Capitale de la douleur