Accueil > Littérature > Anthologie > B > BARBIER Auguste (1805-1882) > L’idole
- Ô Corse à cheveux plats ! que ta France était belle
- Au grand soleil de messidor !
- C’était une cavale indomptable et rebelle,
- Sans frein d’acier ni rênes d’or ;
- Une jument sauvage à la croupe rustique,
- Fumante encor du sang des rois,
- Mais fière, et d’un pied fort heurtant le sol antique,
- Libre pour la première fois. (…)
- Quinze ans son dur sabot, dans sa course rapide,
- Broya les générations ;
- Quinze ans elle passa, fumante, à toute bride,
- Sur le ventre des nations ;
- Enfin, lasse d’aller sans finir sa carrière,
- D’aller sans user son chemin,
- De pétrir l’univers, et comme une poussière
- De soulever le genre humain ;
- Les jarrets épuisés, haletante, sans force
- Et fléchissant à chaque pas,
- Elle demanda grâce à son cavalier corse ;
- Mais, bourreau, tu n’écoutas pas ! (…)
- Elle se releva : mais un jour de bataille,
- Ne pouvant plus mordre ses freins,
- Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille
- Et du coup te cassa les reins.
- Auguste BARBIER (1805-1882)
- Iambes et Poèmes